L’élan vers la lumière – Les dernières confidences de Brahms

Alice Di Piazza dévoile l’intimité transcendante des opus 116 et 122

C’est au fil d’une conversation profonde avec la compositrice Sofia Gubaidulina, que la pianiste Alice Di Piazza a ressenti, comme un appel intérieur, le besoin de se plonger dans l’un des derniers grands cycles pianistiques de Johannes Brahms : les 7 Fantaisies de l’Opus 116, écrites à l’été 1892. Une œuvre à la fois mystérieuse et déchirante, née dans le calme d’Ischl, où Brahms, en retrait du monde, semblait déjà converser avec l’au-delà.

Fascinée depuis toujours par les ultimes œuvres des compositeurs – là où l’art se dépouille des artifices pour révéler l’essentiel – Alice Di Piazza a consacré plus d’un an à l’étude de ce cycle. Elle y décèle une architecture intime et continue, une unité thématique insoupçonnée, profondément inspirée par une grande sonate de Beethoven. Cette lecture originale, validée par des figures majeures comme Ann Kuppens, Brigitte François-Sappey et Jean-Jacques Eigeldinger, éclaire l’Opus 116 sous une lumière nouvelle : celle d’un adieu pudique, où chaque note semble contenir un souffle d’éternité.

« Les berceuses de ma douleur », écrivait Brahms à Clara Schumann. Ces pièces, traversées par la colère, la mélancolie, le silence et la grâce, semblent être le chant intime d’un homme qui, dans sa solitude, confie au clavier ses ultimes élans vers la transcendance, sa manière de faire la paix avec le mystère de la fin.

À cet opus répond naturellement l’ultime œuvre du maître : les Onze Préludes Chorals pour orgue, Opus 122, écrits en 1896 en hommage à Clara Schumann. Dans une démarche aussi inédite que fidèle à l’esprit du compositeur, Alice Di Piazza en signe la première transcription intégrale pour piano, qu’elle interprétera dans un enregistrement sans public, du 15 au 17 avril 2025, à la Salle de Musique de La Chaux-de-Fonds, en Suisse.

Cet enregistrement, intitulé « L’élan vers la lumière », sera accompagné d’un essai signé par Brigitte François-Sappey, fruit de cette relecture passionnée des dernières pages de Brahms. Une plongée dans le silence vibrant d’un crépuscule musical devenu lumière intérieure.